Petit déjeuner : salé ou sucré?

petit déjeuner salé
Certains articles présentant la chronobiologie appliquée à la nutrition concluent hâtivement que puisque le plus grand pic de cortisol de la journée étant le matin, il faut donc en profiter pour absorber du sucre au petit déjeuner, et d'après leurs auteurs, cela permettra d'être en forme et actif pour mener nos activités. 

Sauf que du sucre au petit déjeuner, ça n'est une bonne solution pour être en forme, loin de là. Parce que absorber du sucre au moment où le taux de cortisol est le plus élevé entraîne sa métabolisation sous forme de réserve graisseuse, surtout si aucune activité physique ne vient "consommer" ce carburant. C'est mettre le doigt dans un engrenage qu'on n'arrivera plus à arrêter ! C'est entrer dans un cercle vicieux dont on n'arrivera plus à sortir... Vraies et fausses faims vont se succéder jusqu'au soir, et il sera de plus en plus difficile à y résister.

Pourquoi le sucre le matin entraîne des hypoglycémies

Le sucre lui-même, en n'importe quelle quantité, a le fâcheux inconvénient d'élever la glycémie, ce qui sollicite le pancréas pour envoyer de l'insuline à l'organisme en vue de réguler cette glycémie qui a trop augmentée, et dès que celle-ci rebaisse, le corps traduit cette baisse par un manque et nous incite à remanger pour faire remonter cette glycémie que l'on aura embarquée dès le matin dans un manège de type grand huit, qui sera d'autant plus extravagant que l'index glycémique du petit déjeuner aura été élevé.

C'est ainsi que ceux qui prennent des sucres rapides le matin, des céréales, de la confiture, du miel, de ce fameux nutella, vont avoir un retour de la faim impérieux, voir une réelle hypoglycémie en milieu ou en fin de matinée, et un absolu besoin de remanger du sucre, sous une forme ou sous une autre (casse-croûte, barres avec glucides, céréales sucrées, sucre pur, fruit, ...), pour ne pas succomber à leur malaise...

Et encore trop nombreux ceux qui sont persuadés qu'en mangeant sucré au petit déjeuner, ils préviendront ce fameux malaise. Et que s'ils ont eu ce malaise, c'est parce qu'ils n'ont pas mangé assez de sucre, donc que l'énergie fournie par le sucre leur a manqué... Et chacun a sa recette pour ne pas en manquer: une amie apicultrice pense que manger du miel au petit déjeuner est plus sain que la confiture et réduit plus sûrement son hypoglycémie de 11 h, les mamans imbibées des publicités émanant du monde agro-alimentaires sont persuadées que le lait et les céréales sont le meilleur moyen de bien faire travailler leur enfant à l'école...
publicité sucrée
Les informations nutritionnelles de la publicité

Hélas, les "informations nutritionnelles" publicitaires sont le lit des erreurs nutritionnelles qui mènent au diabète.

Car il n'en est rien. Bien au contraire. C'est ce petit déjeuner est sucré : oui, des céréales soufflées, c'est aussi du sucre, un sucre caché et particulièrement efficace. Les américains donnent des corn flakes à leurs vaches, car ça les fait grossir encore plus vite que ce maïs qu'on fait ingérer de force aux oies pour les gaver afin de les forcer à avoir un "foie gras". C'est donc ce petit déjeuner sucré qui est responsable de leurs faims insatiables et de leurs malaises de onze heures. De même que mon amie apicultrice qui ne comprend pas pourquoi elle souffre de cette hypoglycémie de 11 h (ou la vit comme une fatalité, peut-être ?), la maman oublie de se demander pourquoi son enfant a absolument besoin d'un goûter à 10 h pour tenir jusqu'à midi. Ces solutions n'empêchant pas ni mon amie ni les enfants d'avoir une baisse de forme en milieu/fin de matinée, et du mal à travailler et à être efficaces, car l'on sait bien que ventre affamé n'a pas d'oreilles.

Pire que cette baisse de forme, ceux d'entre eux qui n'auront pas la volonté de résister à l'insidieux appel du sucre qui commence à les tenter sournoisement, vont céder à cet appel du sucre et entrer dans le cercle vicieux du grignotage, pour finir par développer un insidieux surpoids, qui a toutes les chances de se transformer un jour en obésité, voire un diabète de type 2 qui dans les cas les plus dramatiques, deviendra un jour insulino-dépendant. La boucle sera bouclée et pourtant, comme le laps de temps séparent la cause à l'effet peut-être de quelques années à quelques dizaines d'années, la mauvaise habitude, la mauvaise attitude du sucre au petit déjeuner ne sera pratiquement jamais incriminée, pratiquement jamais rectifiée (ou rectifiée en adoptant des édulcorants ou du fructose, ce qui est une solution encore plus mauvaise, mais ce sera un jour l'objet d'un autre article).
petit déjeuner lourd et gras
Vous ne me croyez pas ? Faites une petite expérience...

Que ceux qui mangent du sucre rapide au petit déjeuner, qui ont des baisses de forme dans la journée, des hypoglycémies en fin de matinée ou en début d'après-midi mènent cette simple expérience : que deux ou trois matins de suite, ils mangent 80 à 120 grammes d'un bon fromage traditionnel bien gras avec 40 à 60 grammes de pain, selon leur faim (et avec deux fois plus de fromage que de pain pour avoir un équilibre idéal) et qu'ils constatent combien ils se sentent mieux, et surtout que bizarrement, leur malaise de 11 h aura disparu... 
Pour que l'expérience soit bien menée: pas de croissant, pas de biscotte, pas de galette de riz, ils contiennent du sucre... et pas de sucre dans le thé ou le café... pas de lait, pas de yaourt non plus, ils contiennent du lactose qui est un sucre. Pas de jus de fruit avec ce pain/fromage, pas d'édulcorant non plus. Juste du pain, du pain de boulanger sans fruits, du beurre et du fromage.

Et mon cholestérol, alors ?

Ah, mais j'entends d'ici les cris affolés: mais c'est hors de question, et mon cholestérol, alors ?

Je reviendrai vous dire bientot pourquoi ce fromage du matin fera monter votre bon cholestérol et baisser le mauvais... Pour aujourd'hui, sachez juste que manger du fromage le matin a le même effet que prendre un comprimé de Crestor (médicament anti-cholestérol) le soir: cela empêche la prolifération de cette enzyme, la HMGcoAréductase qui optimise la fabrication de LDL par notre corps... Alors que ce même fromage, consommé à d'autres repas, n'aura plus cet avantage "anti-cholestérol" et deviendra alors l'ennemi de nos cellules, pourvoyeur de cholestérol et aussi d'obésité chez certains (selon les associations nutritionnelles)...

Et rassurez-vous: en admettant que vous ayiez raison, ce n'est pas en essayant ce petit déjeuner une fois que vous aggraverez votre cholestérol, n'est-ce pas ? Que risquez-vous à essayer ? Juste de vérifier la justesse de mes propos concernant l'erreur de manger sucré au petit déjeuner...

Si vous êtes séduit et que vous désirez continuer, sachez par contre que si vous désirez adopter ce petit déjeuner "pleine forme", il convient de connaître quelles sont les quantités adaptées à votre organisme, à votre taille, à votre morphotype, à votre activité, à vos pathologies... 

Bonne expérience à vous !

Attention ! Ne substituez pas du fromage le matin à vos comprimés de statines du soir ! Les traitements médicaux sont du ressort de votre médecin traitant et lui seul peut modifier / supprimer votre traitement en cours après quelques temps au vu des résultats de vos analyses sanguines.